Remonter le courant by Campbell Margot

Remonter le courant by Campbell Margot

Auteur:Campbell,Margot [Campbell,Margot]
La langue: eng
Format: epub
Tags: Biographie
Éditeur: Fides
Publié: 2013-09-19T04:00:00+00:00


Maluron

Maluron… Un grand gars aux yeux avides et rêveurs, les cheveux en broussailles sur un front buté. Des idées enchevêtrées, de la poésie et des chimères plein son cœur et sa tête, mais pas une once de réalisme. Il hésite, il cherche sa voie, il interroge les oiseaux et les nuages: que faire? Où aller? Il semble qu’il n’y ait place pour lui qu’au creux des talus, couché dans l’herbe qui chatouille le cou, le regard fixé au zénith. L’avenir! Cette chose qu’on tient dans ses mains, à vingt ans, et qui pèse parfois si lourd qu’on voudrait pouvoir la poser là, n’importe où, et l’oublier… Mais c’est impossible et puis ce serait lâche… Alors quoi? Quoi?

Et soudain, une révélation: le Théâtre! Maluron tient la réponse à toutes les questions. Il sera comédien, malgré l’âpreté de l’attente, le goût amer des insuccès, les ricanements de la chance qui se refuse obstinément. Il sera comédien… et il continuera d’espérer, de travailler pour être prêt, fort de sa foi, fort de son amour…

* * *

Le travail affluait de nouveau, maintenant le baromètre au beau fixe. C’était presque automatique: quand j’avais du boulot, j’étais optimiste et pleine de confiance. Mais dès qu’une période à vide se prolongeait, je retombais dans le doute, la vie perdait de sa saveur. L’instabilité du métier me rendait cyclothymique. Cependant, pour rien au monde je n’en aurais changé.

Parfois, je m’interrogeais au sujet du mariage. Alors qu’adolescente, je croyais dur comme fer que c’était là mon destin tout désigné, à vingt-trois ans, ma certitude s’ébranlait. Oh, je désirais toujours ardemment me marier et avoir des enfants (bien sûr, pas une douzaine!), mais je me trouvais encore trop jeune. Je voulais une carrière active, j’avais envie de jouer de beaux rôles au théâtre et à la télévision et, confusément, je sentais que pour moi, une fois épouse et mère, le travail passerait au second plan. Je souhaitais donc établir solidement ma réputation de comédienne avant de me marier. D’aucuns diront: pourquoi le mariage? Parce que pour une fille élevée comme moi dans les principes rigoureux de la très catholique éducation des années cinquante, c’était comme dans la chanson: «Love and marriage go together like horse and carriage. You can’t have one without the other.» L’heure n’était pas encore venue (mais elle viendrait) où je remettrais tout cela en question.

Les soupirants ne manquaient pas cependant autour de moi. Quelques-uns m’aimèrent sincèrement, mais mon cœur ne s’émouvait pas. Ce n’était pas faute de qualités de leur part, ni manque de sensibilité de la mienne; seulement, je ne voyais en aucun d’eux le genre d’homme que je recherchais.

* * *

J’avais décidément beaucoup de chance. Au début de l’automne 1958, on me donna le rôle de Desneiges, une petite-nièce de la cousine du Pot-au-Beurre, dans Le Survenant, le texte si beau, si fort et si poétique de Germaine Guévremont, avec Jean Coutu en «Grand fend le vent». Personnage inoubliable. Comme le père Didace d’Ovila Légaré et l’Angélina Desmarais de Béatrice Picard. Le Survenant reste l’un de mes meilleurs souvenirs de travail à la télévision.



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